Visite guidée "Les Maîtres de l’Argile" à Aubagne

Entre patrimoine, savoir-faire et passion, Aubagne dévoile tout un pan de son identité à travers la terre et le feu. En participant à la visite guidée « Les Maîtres de l’Argile », j’ai découvert un monde façonné depuis des siècles par la main de l’homme : celui des potiers et faïenciers qui ont fait la renommée de la ville. Une immersion captivante dans l’histoire d’un art vivant, au fil des ruelles colorées et des ateliers emblématiques.

Jade

Mon coup de cœur

Les sentiers aériens du Garlaban, avec une vue sur tout le territoire et la baie de Marseille.

A la découverte du savoir-faire céramique d’Aubagne

Dès les premiers instants à l’Office de Tourisme du Pays d’Aubagne, le ton est donné. Accueillis par notre guide, nous levons la tête : de jolies céramiques ornent les murs du centre-ville. Un clin d’œil discret à ce qui fait battre le cœur de la ville depuis des siècles : la terre, l’argile, et le talent des artisans.

En France, seules deux villes sont inscrites sur la route européenne de la céramique : Limoges… et Aubagne ! Ici, le travail de l’argile remonte à plus de deux mille ans. Les Celto-Ligures, puis les Romains, en ont fait un art et un outil du quotidien — il a d’ailleurs été retrouvé lors de fouilles, un immense dolium sur le parvis de la gare d’Aubagne, ces amphores géantes que l’on enterrait pour conserver les vivres. Plus tard, au XVe siècle, un certain Bruno Catani implante véritablement le travail de la céramique à Aubagne, ouvrant la voie à des générations d’artisans.

De la tradition à la création : Ravel et Sicard, deux maisons emblématiques

Notre première halte se fait à la poterie Ravel, une entreprise familiale qui rayonne bien au-delà de la Provence. Dans les cours et entre les murs de la manufacture, je suis éblouie par les formes, les couleurs, les textures. Les pots émaillés brillent au soleil, et j’apprends qu’autrefois, cette fine couche d’émail servait à empêcher les rongeurs d’escalader les contenants, à une époque où la poterie était avant tout utilitaire. Aujourd’hui, la maison collabore avec de grands designers et même la couronne du Danemark a passé commande… rien que ça !

Puis, nous montons dans le bus direction la faïencerie Sicard. Ici, c’est une autre facette de la céramique qui s’exprime, plus décorative, plus poétique. On nous raconte la naissance de la célèbre cigale en 1895 : à l’origine un simple presse-papiers commandé par une manufacture de Berre l’étang, pour offrir à ses clients. La demande initiale : un objet qui représente la Provence. La cigale est alors apparue une évidence, représentant l’arrivée des beaux jours. Depuis, la cigale Sicard s’est accrochée à nos murs, symbole chantant de l’été et du savoir-faire provençal.

Le saviez-vous ?

Au XVIIe siècle, un quart des ouvriers aubagnais travaillaient déjà dans les fabriques de céramique. Au XXe siècle, ils étaient 4 sur 5 ! Puis, peu à peu, les guerres mondiales et l’arrivée du plastique ont fait décliner ce savoir-faire ancestral. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de cheminées, vestiges du temps où la terre d’Aubagne fumait jour et nuit. Heureusement, les artisans d’aujourd’hui perpétuent la flamme — et la visite “Les Maîtres de l’Argile” rend un bel hommage à cette mémoire vivante.

Dans les pas des potiers d’Aubagne

La visite se poursuit à pied dans un des quartiers historiques des potiers. Les ruelles étroites, les façades colorées, les chats qui somnolent à l’ombre donnent à l’ensemble un charme indéniable. Il paraît qu’ici l’été, on peut sentir l’odeur des figuiers à plein nez : il faudra que je revienne ! Au détour d’une rue, une vue magnifique sur la tour de l’horloge et le clocher de l’église nous arrache un petit “waouh” collectif.
J’apprends qu’autrefois, les cheminées des fabriques ne fonctionnaient pas le vendredi, pour laisser place au jour des lessives. Des détails simples, mais qui racontent tout un mode de vie.

La balade se termine à la galerie Argilla, véritable écrin du savoir-faire local. Entre pièces contemporaines, objets décoratifs et santons délicats, difficile de ne pas craquer. J’ai finalement cédé à la tentation : une petite cigale en faïence trône désormais sur mon bureau, souvenir tangible de cette après-midi entre histoire et artisanat.